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Souvenirs et paroles d’Eliot

J’ai plus ma baba (sucette) car elle est cassée à cause que je la mords. Je l’a donné à la petite souris et mes dents se resserrent bien. J’ai reçu une surprise et des sous que je mets dans mon porte monnaie. Je l’ai reçu comme surprise quand j’ai mangé des frites avec un steak haché et des légumes. Maman, elle demande toujours des légumes pour moi au restaurant. Il y avait des smarties dedans (le porte-monnaie).

Les piscines, des fois, elles sont chaudes, alors je fais pleins de plongeons. Si l’eau est froide, je saute pas. Dans la mer, j’ai bu la tasse une fois et elle est salée, c’est vrai, et j’aime joué au sable. On a couvert les jambes de marraine et elle était pleine de sable. Et Christophe, il en a mis partout aussi.

Une autre fois, la piscine était chaude et j’ai mis la tête sous l’eau pour nager. Au camping de Côte Vermeille, il y a une belle place de jeu avec une maison tout de biais et un gros toboggan rouge fermé tout autour. Grand-papa y fait du tam-tam quand je descends.

Au bord du canal, je fais toujours bonjour au gens des bateaux. Mais des fois ils ne répondent pas. Des fois oui, et des fois non. Il y a des bateaux de toutes les couleurs, des beaux. Les rouges, c’est ceux qui vont sur les rivières et les bleus, ils vont à la mer. Il y a en a même qu’on peut dormir dedans. Une fois, quand j’étais avec grand-maman et grand-papa, on est entré dans une péniche supermarché et on a acheté du pain.

Sur le canal du Midi, j’ai vu ma première écluse. Les bateaux y vont dedans et l’eau elle monte et elle descend avec les bateaux.

Ici au camping des peupliers, il y a une super douche pour les enfants et aussi des toilettes petites. J’ai fait une sieste après-midi pour aller voir un feu d’artifice le soir au village. Il y aura un musicien et peut-être des jongleurs, peut-être !

Quand grand-maman et grand-papa sont arrivés, je va dans le camping car tous les jours avec eux. On va dans les places de jeux. Une fois, on voulait louer un bateau pour aller trouver papa et maman. On a fait tous les offices de tourisme et tous les campings, personne y louait des bateaux. Alors, on a été en vélo, moi j’étais sur le porte bagage de grand-papa, avec un coussin pour que ça fasse moins mal.

Un jour, maman dit : « Eh, il y a la poste. En plus, il y a un postomat. » Je demande, ici il vende des tomates à la poste ? ». (En Suisse, un postomat est un distributeur de billet de la poste).

On est de nouveau à la mer. Avec le vent, j’ai pu faire aller le cerf-volant que grand-papa a dans le camping car. Je l’ai tenu tout seul et il est allé très très haut.

Demain, je va aller de nouveau avec les ânes et je va visiter des châteaux avant d’aller en Espagne. Dis maman, on dit comment une place de jeu en espagnol ?

La vie est un long canal tranquille

Le 15 août, nous quittons St Gilles et rejoignons le « canal du Rhône à Sète ». Comme son nom l’indique, il nous mènera jusqu’à Sète, sur un chemin plat de chez plat. C’est la Camargue et la garrigue, les taureaux noirs et les chevaux blancs, les moustiques et le soleil, les marais et la mer.

A Aigues-Mortes, nous faisons une bonne halte et profitons de la piscine chauffée. La fête médiévale de St Louis nous entraîne quelques centaines d’années en arrière.

Eliot endosse l’armure de chevalier, le casque et l’épée et participe à la mêlée des enfants. Ouf, c’est une épée sans danger, car certains y vont vaillamment. Après les enfants, place aux « vrais » chevaliers pour un spectacle haut en couleur, en cascades, avec une animation des plus vivantes.

C’est très calme de suivre un canal, l’eau a un effet relaxant, le plat du terrain aussi. La plupart du temps, un bon chemin de verdure ou de cailloux nous fait oublier les routes goudronnées et les voitures. Eliot se plaît à dire bonjour aux bateaux et la plupart des gens le lui rendent bien. Il faut dire qu’avec nos ânes, nous ne passons pas inaperçus.

A plusieurs endroits, le canal traverse un étang. Le chemin est donc entouré par les eaux. Le gros désavantage, c’est les moustiques qui nous dévorent, surtout Sonia, jusqu’à ce que l’on trouve le bon anti-bzzz.

A La Grande-Motte, c’est la joie de voir la mer. L’eau est super chaude : 25°C, alors qu’en juillet, elle frôlait les 16-17 °C. Avec la chaleur de l’air, l’eau est presque trop chaude, mais il faut le dire vite, car se plaindre serait un luxe que l’on ne veut pas se permettre dans cette situation. Ce soir, les ânes sont dorlotés dans les écuries de la police équestre, avec du foin AOC, s’il-vous-plaît.

Par la suite, nous avons plus de peine à trouver un bon accueil pour nos ânes. Plusieurs gérants de camping tolère tout juste que nous entrons avec les ânes pour les débâter à l’emplacement de la tente et ne collaborent pas du tout avec nous pour chercher un morceau de pré (alors que certains campings regorgent de terrain en friche à côté). Exception faite au camping de Riqu’& Zette de Frontignan-Plage où eux-mêmes  téléphonent à la police pour demander un terrain pour nos bourricots. Nous sommes un peu dégoûtés du bord de mer, mais surtout des grands campings tenus par des gérants antipathiques et des discos tous les soirs jusqu’à minuit. Bref, rien ne vaut les bons petits campings familiaux à l’intérieur des terres.

Malgré cela, la mer garde son attrait. Eliot se plaît à jouer avec le sable plus qu’à se baigner. Il est comme son papa, il lui faut de l’eau chaude (la température a un peu baissé depuis les 25°C). Par contre, les vagues et le sel ne lui gêne pas du tout.

A Carnon-Plage, nous retrouvons Laurianne et Christophe pour un compagnonnage de 10 jours. Ce sera pour nous un beau moment d’échange et de partage. Ils ont vécu de l’intérieur les joies et les ras-le-bol, les gestes du quotidien et les petits plaisirs, les questions des curieux et l’amabilité des gens…

Un jour, nous prévoyons de bivouaquer en bord de mer de la commune de Villeneuve-les-Maguelone. En début d’après-midi, personne ne veut se prononcer pour dire si nous pouvons dormir ici (coin de plage avec la maison du gardien et un espace locatif). Vers 16h, tout d’un coup, le gardien décide que nous devons partir dans les 5 min, qu’il risque sa place si nous restons là !! (alors que 2h avant, une dame lui a téléphoné pour signaler notre présence). Comme nous sommes sur la plage, il nous faut une petite demi-heure pour repartir. 10 min après, ce sont les gendarmes qui nous demandent, sur ordre du maire, de quitter les lieux. Gentiment toutefois, mais nous devons faire encore 7 km pour sortir d’une zone de réserve naturelle pour planter la tente. A cet endroit, nous longeons la mer en marchant sur des plages désertes, du pur bonheur si ce n’est un peu de fatigue.

Après la traversée laborieuse de la ville de Sète, nous dormons à la belle étoile sur la plage. Le matin c’est le lever du jour, puis du soleil qui nous réveille, mais nous ne sommes pas déçus : c’est magnifique. Eliot n’a pas aimé se réveiller au milieu de la nuit et voir toutes ces étoiles, ça lui a fait un peu peur.

A Agde, nous quittons le canal du Rhône pour celui du Midi. Autant le canal du Rhône est « nu » et en plein soleil, autant celui du Midi est bordé de platanes qui ombragent le chemin. Cela en fait sa caractéristique. Lors de sa construction, les hommes ont planté 45’000 platanes et cyprès. Malheureusement, nombre d’entre eux ont une maladie que les humains ne savent pas soigner et ils devront les abattre d’ici quelques années. Dommage, car il faudra longtemps pour qu’ils grandissent. Les racines de ces arbres retiennent les berges.

Le canal du Midi entre dans les terres et l’accueil dans les derniers campings est bien  plus sympathiques. Nous sommes aussi en basse saison, cela peut aussi aider.

A Béziers, nous découvrons les 9 écluses de Fonsérane. En fait, il y en a 8, car avant le 19e siècle le canal du Midi traversait l’Orb et il y avait plus de dénivelés. Il y a 2 siècle, les hommes ont réalisé un viaduc sur l’Orb pour faire passer le canal. Oui, oui, le canal passe sur un pont. C’est assez fou, voir un bateau sur un pont !! Le but est de ne pas subir les crues de l’Orb, car le canal doit rester stable quant au niveau de l’eau.

Pour passer ces 8 écluses, il faut 45 min au bateau et c’est tout un mécanisme. Le Canal du Midi a 330 ans et il aura fallu 12’000 hommes (dont 600 femmes) durant 15 ans pour le construire, à la pelle et la pioche, et la brouette n’existait pas encore ! Un travail considérable. Le but était de relier la Méditerranée à l’Atlantique, sans passer par le détroit de Gibraltar.

Question morale, nous avons un petit passage à vide après le départ de Laurianne et Christophe. Le temps est plus gris, Olivier a son dos bloqué. On en a marre de monter et démonter le campement. La suite du chemin est plus incertaine, il y a moins de chemins existants, bientôt un nouveau pays. Bref 1-2 jours comme ça. Mais ça passe et la motivation remonte vite, surtout lorsque l’on se repose 2 jours au même endroit, avec du soleil et une piscine.

Ce 3 septembre 2011, nous sommes à Colombiers. La soir, nous assistons, depuis la berge, à un concert de piano qui a lieu sur un péniche au milieu du canal, avec un feu d’artifice à la fin. C’est magnifique.