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Vie et activités en esp’âne

Notre séjour à Tortosa (en Espagne) suit son cours et tout va pour le mieux. Notre vie sédentaire nous fait presque oublier de renouveler le blog.

Actuellement, nous vivons les jours les plus froids de notre hiver. La température est descendue sous les O°C et l’eau des ânes a gelé. Mais nous n’en sommes pas au -15°C, voire -20°C de la Gruyère. Heureusement, les ânes ont un abri pour se protéger du vent et du froid.

Nous consacrons notre temps à différentes activités. La principale est la taille des oliviers. Dans un premier temps, il s’agit de dégager la base du tronc de toutes les repousses en les cassant avec un piochon.

Ensuite, la taille proprement dite. Olivier s’occupe des plus grosses branches en hauteur. Il coupe les «  piquets » qui partent droit haut et dégage le centre de l’arbre pour lui donner de la lumière. Sonia taille les branches sèches depuis le bas.

Ensuite, il faut couper et entasser les grosses branches pour du bois de feu. Le reste est brûlé sur place. La commune délivre des autorisations de faire des feux durant 3 mois. C’est important de profiter d’un jour sans vent pour cela. Les derniers feux sont mercredi 1er février 2012.

Avec les grands-parents d’Eliot, nous faisons des grillades directement sur les braises. La fourche sert de grille pour tenir le train de côtes de porc sur le feu. Malheureusement, une pique veux enfourcher la main de grand-papa, mais il s’en sort bien. Rien de trop grave.

D’autres activités remplissent nos journées, comme ballade à vélo ou à pied, cuisine, travaux d’entretien, lessive (à la main, ça prend une grande ampleur avec un petit gars à côté), trie des photos, mise au propre du carnet de bord et encore mosaïque. A cette dernière, Sonia et Eliot s’y prête avec délice et minutie. Sous-plats ou assiettes sont décorées avec des restes de carrelage et les résultats sont bien sympas.

Eliot aime faire du béton. Il prend du sable qu’il mélange avec de l’eau. Puis il brasse et brasse. L’autre matin, il a eu de la chance, car le béton a bien pris (en fait, l’eau a gelé).

Nous avons trois poules qui commencent à faire des œufs. La journée, elles picorent gaiment autour de la maison. Eliot est champion pour les faire rentrer au poulailler. Il lance son appel et elles accourent vers lui. Il faut bien les protéger du renard. Une nuit de grand vent, un objet tape contre des barres de fer dehors. Eliot se réveille pour faire pipi. Il demande ce que c’est ce bruit : « C’est peut-être le renard qui frappe à la porte ! » dit-il. Olivier le rassure en disant que le renard est blotti dans sa tanière pour avoir un peu chaud. Quelques secondes passent et Eliot réplique : « Mais alors, on peut sortir les poules. » Il est 3h du matin !

Nous faisons peu à peu connaissance avec notre voisinage :

l’espagnol d’à côté (sauf que nos notions d’espagnols sont peu développées pour entretenir une conversation avec un espagnol bien trempé),

une voisine Luxembourgeoise, qui est là de temps en temps,

un peu plus haut, une genevoise qui a des chevaux. Elle a pu nous organiser un rendez-vous avec un maréchal ferrant. Les sabots de nos quadrupèdes sont sains, car le climat sec d’ici leur convient bien. Sauf, que ces derniers jours, un problème avec les fourchettes (partie du sabot et pas vaisselle !) nous tracassent. Affaires à suivre de près.

La maison est à présent bien équipée. On ne manque presque de rien. Nous avons la lumière grâce à un panneau solaire et une batterie. Il existe des ampoules 12V qui utilise 1,5W et éclaire comme du 60W. Notre ordi peut se charger la journée sur le panneau solaire avec un transformateur. Au pire des cas, une génératrice peut nous fournir du courant. Un frigo tourne au gaz et une gazinière avec un four permet de cuisiner et faire du pain.

aloé vera

Le seul petit hic est l’eau qui reste l’élément le plus vital pour vivre. Il y a deux réservoirs qui récupère l’eau de pluie. Cette dernière passent dans les robinets, dont une douche (youpi !). Comme elle n’est pas bonne pour la consommation, il nous faut remplir ailleurs des bidons pour cuisiner et boire. Pour cela, nous devons emprunter ou louer une voiture. Merci à Geertje qui nous dépanne souvent. Ce n’est pas toujours simple de vivre sans voiture, surtout à 8 km du premier magasin et village, mais on s’en sort. A pied avec les ânes, c’est presque trop loin. Nous y allons quelques fois en vélo, avec Eliot dans un siège porte bagage. Nous sommes motivés par le côté écologique de notre vie, mais serons tout de même contents de retrouver une voiture le mois prochain.

Ces jours, avec ce froid, nous chauffons un peu la maison grâce au poêle de la cuisine et un chauffage à gaz dans les chambres-salon (une grande pièce, séparée par un demi-mur sans porte). Nous mettons les couches de polaires pour se réchauffer. Toutefois, ce froid est passager, car la plupart du temps, nous dînons dehors au soleil.

Nous parlons de plus en plus du retour, prévu pour dans deux mois. Nous allons passer l’été dans un alpage comme garde génisse. Une nouvelle expérience dans le prolongement de notre voyage, mais cette fois, dans notre verte Gruyère.

Palabres rom’âne’sques

Apollon : « Voilà des semaines que nous sommes arrêtés dans un parc. C’est vrai qu’avec toute cette longue marche, on était bien au début. Mais à présent, c’est longuet. On a besoin de se dégourdir un peu les jambes. Heureusement, on va promener le petit de temps en temps. »

Basil : « Ici, l’herbe est sèche. Mais le maître n’est pas très intelligent. Il croit qu’un bout de ficelle nous retient. Tu parles. Lors d’une ballade, on a bien vu qu’il y avait de l’herbe verte à certain endroit. Alors, quand il a le dos tourné, je file entre les fils et je vais manger l’herbe ou les haricots de l’arbre du voisin. Pas l’herbe du voisin, car c’est que des cailloux. »

Apollon : « Tu as de la chance toi. Quand tu sortais, il te remettait dedans sans mesure. Mais quand c’est moi qui suit enfin sorti, il nous a attachés. Et puis un jour, il nous a fait un magnifique parc, mais il a fallu que l’on touche le fil du museau et là, bonjour les dégâts. Pas très agréable cette clôture électrique. »

Basil : « Ouais, t’as raison, depuis, on ne peut même plus filer. »

Apollon : «  On leur a donné un peu de fil à retordre, pour pas qu’ils nous oublient. Bon, c’est vrai que chaque matin, le petit vient nous donner un bout de pain sec ou une carotte. Je l’aime bien celui-ci. Quand il vient sur mon dos avec sa nouvelle selle, il est bien plus léger que les anciens bagages. »

Basil : « Dis plutôt qu’il te mène par le bout du nez. Quand il veut te faire trotter, tu obéis comme si tu avais mon âge. Moi, il ne m’a pas comme ça ! »

Apollon : « Bah, ne te plaint pas, ils ne sont pas méchants nos maîtres. Ils sont un peu bougres, mais on est bien ici. »

Basil : « Oh oui, tant qu’ils ne nous remettent pas dans cette chariote du diable qui nous secoue pendant des heures pour se retrouver dans un endroit inconnu, tout va bien ! »