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Une saison en alpage

Nous avons passé une saison comme garde-génisses aux chalets des Poutes-Paluds. Voilà en quelques mots l’expérience que nous avons vécue.

La saison commence par la préparation et la réparation des clôtures, travail d’extérieur en pleine nature. Nos ânes nous aident bien en portant fièrement les piquets sur les côtes escarpées de nos montagnes gruyériennes. Le silence de ce printemps naissant, mêlé à la presque solitude de cette vallée a quelque chose d’apaisant et de ressourçant.

L’éclosion du printemps est magnifique, chaque fleur, chaque plante, prend toute son énergie des racines pour se charger à la chaleur du soleil. Les chants des oiseaux offrent à nos oreilles une mélodie agréable.  Je n’ai jamais été aussi sensible au printemps que cette année. La nature est fragile et puissante, magnifique et généreuse, prenons-en exemple.

 

Le 8 et 9 juin 2012, nos génisses sont montées à l’alpage, au nombre de 60. Les montagnes sont alors bercées par le cling cling des cloches qui se promènent aux cous de nos nouvelles pensionnaires. La vallée prend ses allures de saison et, l’un après l’autre, les alpages se remplissent, soit de génisses, soit de vaches allaitant leur veau.

Nous faisons connaissance avec nos voisins et les jours défilent au rythme des bêtes et de la nature. Nos poules, venues durant le mois de mai, deviennent superbes à se pavaner dans les prés, mangeant au gré de leurs envies. Elles aiment la compagnie des génisses qu’elles suivent d’un côté ou de l’autre. Eliot a sa génisse préférée, Idole, ci-dessous.

Au début juillet, nous accueillons une petite parisienne par l’association «Feu et Joie». Belle expérience pour nous, mais surtout pour Grâce qui découvre la vie au chalet. D’abord un peu affolée par tous ces animaux (ânes, génisses, poules, chat, mouches, taons, guêpes…), elle les apprivoise petit à petit pour finalement en faire ses amis. Après avoir pris chacun leurs marques, Eliot et Grâce s’entendent à merveille et jouent ensemble à faire des tisanes ou soupes d’herbes, des crèmes à la terre, à rentrer du bois, à s’occuper des animaux, à se promener…

Du 10 juillet au 20 août, nous prenons nos quartiers au chalet du dessus. Déménagement, emménagement : nous avons peu de choses, mais il faut tout déplacer. Olivier nous fait une magnifique table en bois brut : des billons coupés en deux et assemblés. Cela permet quelques bonnes tablées, même si le froid de la mi-juillet nous a un peu cantonnés à l’intérieur (gla-gla). Nous profitons pour remercier toutes celles et ceux qui sont venus nous rendre visite. Cela a rempli notre coeur de bonheur. Après la saison des vacances, Eliot demande souvent : « on a des visites aujourd’hui ? »

La fin de la saison va vite et déjà, les bêtes descendent de notre alpage. Du 24 au 26 septembre 2012, nos trois troupeaux rejoignent la vallée du Motélon à pied. Eliot se plait à les pousser depuis l’arrière et sa voie (ou ses cris) annoncent notre arrivée de loin. Malgré sa fatigue d’avoir fait deux désalpes (et il a presque couru toute la descente) et une remontée à pied, il est heureux et fier d’avoir amené ses génisses en bas (et c’est peu dire).

Du haut de ses 4 ans et demi, c’est un vrai garçon de chalet qui sait (presque) tout faire : monter et démonter les clôtures barbelées et électriques, nettoyer l’écurie, faire du feu, cueillir les myrtilles ou les champignons, aider à la cuisine, inventer des recettes…

Il peut vous expliquer comment se passe une insémination et a vu naître une vachette. Cette dernière s’appelle Etoile, car c’est presque Eliot à l’envers (en ajoutant un e à la fin).

Une question que l’on nous pose souvent c’est : et vous faites quoi le soir ? (sous entendu sans la télé !). Première option : après une journée de travail en pleine air à crapahuter les pâturages, et bien le soir, on est fatigué et on va au lit tôt. Autre option : on prend goût au jeu et on fait quelques parties de cartes ou d’un autre jeu. Parfois, l’on s’assied simplement dehors et on contemple la nature. Ou on bouquine. Heureusement, le fait d’être un couple offre d’avantage de possibilité qu’un garde-génisses tout seul.

Et voilà, notre saison arrive à son terme. Nous sommes heureux de cette expérience en famille, heureux d’avoir pu passer du temps avec notre fils et de l’avoir vu évoluer au cœur de la montagne. Vivre le plus souvent en plein air pur, dehors, entouré de la nature merveilleusement belle, travailler selon notre convenance et à notre rythme est une chance inouïe. Même si cuisiner au fourneau à bois ou au creux du feu prend plus de temps, cela ne rend les repas que plus délicieux.

Prendre le temps de vivre (presque) en dehors d’Internet, de la circulation, du vite fait, du stress et surtout vivre plus simplement est un luxe que nous avons savouré, sans toutefois en avoir toujours conscience. Bien sûr, tout ne fut pas rose tous les jours, certains inconvénients et quelques coups de gueule nous ont parfois dépités (froid ou fumée dans le chalet, double déménagement, système sanitaire défaillant, salaire misérable). Malgré tout, cette expérience est largement positive et les souvenirs sont superbes.

Déjeuner dehors le 11 mai à 8h30 !

Quel bonheur !

Malgré la fraîcheur, le soleil nous réchauffe. De toute façon, il fait aussi chaud dehors que dedans, alors autant profiter du paysage !!

 

Pour après, nous cherchons activement une ferme, en Gruyère, à rénover, pas chère, avec un peu de terrain pour nous y installer avec nos ânes. L’annonce est faite,  merci de nous dire si vous connaissez quelqu’un qui connait quelqu’un qui connait l’endroit rare.

Nous allons projeter une vidéo de notre voyage lors du festival www.carnetsdevoyages.ch au CO de Marly (Fribourg), le dimanche 25 novembre 2012 de 13h30 à 14h15. N’hésitez pas à venir voir aussi d’autres projections (en plus, l’entrée est libre !).