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En terre catal’âne

Nous poursuivons le canal du midi, avant de prendre celui de la Robine à Sallèles-d’Aude. Ces canaux sont bien tranquilles, extrêmement plats, la major partie du temps ombragés de platanes ou de pins. Après Narbonne, les arbres se raréfient. A l’approche de Port-la-Nouvelle, nous entrons dans une réserve naturelle. Le canal est bordé d’étangs et le paysage ressemble étrangement à la Camargue. Le temps est beau et chaud à part une journée pluvieuse.

Nous prenons quelques jours de repos à Port-la-Nouvelle, dans un camping à 5 min de la mer, avec piscines chauffées, toboggans et magnifique place de jeu comme nous n’en avons jamais vu. Eliot se régale entre l’eau et les jeux.

Décision est prise, nous quittons le bord de mer pour entrer dans les terres et suivre le sentier cathare à l’asseau des châteaux forts. Fini l’herbe tendre des canaux, ici c’est la garrigue avec ses buissons épineux et secs. Les ânes sont moins bien servis, quoiqu’un peu de sec leur va aussi. Fini le plat, nous retrouvons les montées et les descentes sous la chaleur moite des jours avant l’orage. Mais la sueur vaut la peine, car la vue est belle du haut des montagnes et longtemps encore nous pouvons apercevoir la mer.

Ce tronçon du voyage est marqué par de nombreuses rencontres. A Roquefort-sur-Corbière, nous partageons un bon moment avec nos voisins Marc et Joss, pendant qu’Eliot joue au trampoline avec Thomas et Maïlys.

Le sentier est très bien signalé par des bandes de couleur bleu et jaune. Il est parfois rendu difficile par la pente et les rigoles causées par le ruissellement de l’eau.

Le chemin cathare nous emmène de châteaux en châteaux, en allant crescendo. D’abord le château de Durban à usage agricole, que nous visitons après une nuit pluvieuse.

Puis, avant Tuchan, nous montons au château d’Aguilar, utilisé par les Cathares. En effet, il n’y a pas, à proprement parlé, de château cathare, car les châteaux existaient déjà avant leur arrivée. Au loin, l’orage gronde, mais nous resterons au sec.

Plus haut et plus beau, le château de Quéribus nous offre une vue époustouflante sur les Pyrénées et la Méditerranée. Le vent est tellement violent qu’à la porte d’entrée du château, il faut bien se tenir pour ne pas perdre l’équilibre.

Le village de Cucugnan, connu par son curé, nous raconte un peu l’histoire des cathares. Ces chrétiens, considérés comme hérétiques par l’Eglise Catholique, furent poursuivis et, pour beaucoup, brûlés vifs en raison de leur foi différente. Histoire sombre qui imprègne cette région de l’Aude.

Encore plus haut, plus majestueux et particulièrement bien conservé, le château de Peyrepertuse se confond avec les rochers. Difficile d’imaginer se promener à l’intérieur des murs et, pourtant, un sentier dans la montagne nous y emmène. C’est un vestige du XIe siècle qui nous ouvre ses portes et les ruines nous murmurent des histoires de chevaliers.

A Duilhac-sous-Peyrepertuse, nous quittons le sentier cathare direction le sud et les Pyrénées. Plus nous avançons à l’intérieur des terres et dans les montagnes, plus le paysage change.

La garrigue, les oliviers et les nombreuses vignes laissent doucement la place à des arbres plus grands, comme le frêne, l’acacia, le châtaigner, le hêtre, le chêne, le bouleau, le noisetier… Eliot se plaît à reconnaître ces arbres et développent un bon sens de l’observation. Il y l’œil très aiguisé pour trouver les couleurs du balisage des GR (bandes de peinture sur les arbres ou les rochers).

A la sortie du village de Duilhac, nous faisons connaissance avec Bastou et Laetitia, accompagnés de 2 chevaux, d’une pouliche de 3 mois et de 2 chiens. Ils se baladent sur ces sentiers et nous voyagerons durant quelques jours ensemble.

Le soir même, à St-Paul-de-Fenouillet, nous dormons chez leurs amis. Nous recevons une belle leçon de vie en compagnie de Line, Jesko et leur petit garçon Décembre. Ils ont beaucoup voyagé à pied et vivent à présent sous un tipi, très simplement, en cultivant leur terre. L’après-midi sera utilisée pour faire du jus de raisin comme à l’époque, avec les pieds et les mains, et il est excellent. Le soir, c’est pizzas au feu de bois cuites dans un four creusé à même la roche : mmm un délice. Nous passons un super moment. En les quittant, nous avons l’impression d’être riches avec tout notre matériel.

A Trilla, une pluie diluvienne s’abat sur nous juste après le pique-nique. Après 5 min, trempés, nous rebroussons chemin pour nous abriter au village et retrouvons Bastou et Laetitia. Ils se sont installés chez Monica, une anglaise, qui vit dans une ancienne cave à vin. La soirée est bien agréable, dans une ambiance anglophone, car 2 écossaises vivent chez elle quelques temps pour vendanger.

A Vinça, nous rencontrons Eldée, qui a fait le chemin de Compostelle au printemps et vit au camping avant de se trouver un logement. Plus nous allons vers le sud, plus les montagnes sont hautes. A Ballestavy, Janne et Job nous mettent un bout de terrain à disposition. Nous disons au-revoir à Bastou et Laetitia et continuons seul vers Batère, à 1’400 mètres.

Actuellement, à Arles-sur-Tech, nous prenons les renseignements pour passer la frontière espagnole et descendre tranquillement en direction de Tarragone. Nous allons bientôt dire au-revoir à la France.

 

La vie est un long canal tranquille

Le 15 août, nous quittons St Gilles et rejoignons le « canal du Rhône à Sète ». Comme son nom l’indique, il nous mènera jusqu’à Sète, sur un chemin plat de chez plat. C’est la Camargue et la garrigue, les taureaux noirs et les chevaux blancs, les moustiques et le soleil, les marais et la mer.

A Aigues-Mortes, nous faisons une bonne halte et profitons de la piscine chauffée. La fête médiévale de St Louis nous entraîne quelques centaines d’années en arrière.

Eliot endosse l’armure de chevalier, le casque et l’épée et participe à la mêlée des enfants. Ouf, c’est une épée sans danger, car certains y vont vaillamment. Après les enfants, place aux « vrais » chevaliers pour un spectacle haut en couleur, en cascades, avec une animation des plus vivantes.

C’est très calme de suivre un canal, l’eau a un effet relaxant, le plat du terrain aussi. La plupart du temps, un bon chemin de verdure ou de cailloux nous fait oublier les routes goudronnées et les voitures. Eliot se plaît à dire bonjour aux bateaux et la plupart des gens le lui rendent bien. Il faut dire qu’avec nos ânes, nous ne passons pas inaperçus.

A plusieurs endroits, le canal traverse un étang. Le chemin est donc entouré par les eaux. Le gros désavantage, c’est les moustiques qui nous dévorent, surtout Sonia, jusqu’à ce que l’on trouve le bon anti-bzzz.

A La Grande-Motte, c’est la joie de voir la mer. L’eau est super chaude : 25°C, alors qu’en juillet, elle frôlait les 16-17 °C. Avec la chaleur de l’air, l’eau est presque trop chaude, mais il faut le dire vite, car se plaindre serait un luxe que l’on ne veut pas se permettre dans cette situation. Ce soir, les ânes sont dorlotés dans les écuries de la police équestre, avec du foin AOC, s’il-vous-plaît.

Par la suite, nous avons plus de peine à trouver un bon accueil pour nos ânes. Plusieurs gérants de camping tolère tout juste que nous entrons avec les ânes pour les débâter à l’emplacement de la tente et ne collaborent pas du tout avec nous pour chercher un morceau de pré (alors que certains campings regorgent de terrain en friche à côté). Exception faite au camping de Riqu’& Zette de Frontignan-Plage où eux-mêmes  téléphonent à la police pour demander un terrain pour nos bourricots. Nous sommes un peu dégoûtés du bord de mer, mais surtout des grands campings tenus par des gérants antipathiques et des discos tous les soirs jusqu’à minuit. Bref, rien ne vaut les bons petits campings familiaux à l’intérieur des terres.

Malgré cela, la mer garde son attrait. Eliot se plaît à jouer avec le sable plus qu’à se baigner. Il est comme son papa, il lui faut de l’eau chaude (la température a un peu baissé depuis les 25°C). Par contre, les vagues et le sel ne lui gêne pas du tout.

A Carnon-Plage, nous retrouvons Laurianne et Christophe pour un compagnonnage de 10 jours. Ce sera pour nous un beau moment d’échange et de partage. Ils ont vécu de l’intérieur les joies et les ras-le-bol, les gestes du quotidien et les petits plaisirs, les questions des curieux et l’amabilité des gens…

Un jour, nous prévoyons de bivouaquer en bord de mer de la commune de Villeneuve-les-Maguelone. En début d’après-midi, personne ne veut se prononcer pour dire si nous pouvons dormir ici (coin de plage avec la maison du gardien et un espace locatif). Vers 16h, tout d’un coup, le gardien décide que nous devons partir dans les 5 min, qu’il risque sa place si nous restons là !! (alors que 2h avant, une dame lui a téléphoné pour signaler notre présence). Comme nous sommes sur la plage, il nous faut une petite demi-heure pour repartir. 10 min après, ce sont les gendarmes qui nous demandent, sur ordre du maire, de quitter les lieux. Gentiment toutefois, mais nous devons faire encore 7 km pour sortir d’une zone de réserve naturelle pour planter la tente. A cet endroit, nous longeons la mer en marchant sur des plages désertes, du pur bonheur si ce n’est un peu de fatigue.

Après la traversée laborieuse de la ville de Sète, nous dormons à la belle étoile sur la plage. Le matin c’est le lever du jour, puis du soleil qui nous réveille, mais nous ne sommes pas déçus : c’est magnifique. Eliot n’a pas aimé se réveiller au milieu de la nuit et voir toutes ces étoiles, ça lui a fait un peu peur.

A Agde, nous quittons le canal du Rhône pour celui du Midi. Autant le canal du Rhône est « nu » et en plein soleil, autant celui du Midi est bordé de platanes qui ombragent le chemin. Cela en fait sa caractéristique. Lors de sa construction, les hommes ont planté 45’000 platanes et cyprès. Malheureusement, nombre d’entre eux ont une maladie que les humains ne savent pas soigner et ils devront les abattre d’ici quelques années. Dommage, car il faudra longtemps pour qu’ils grandissent. Les racines de ces arbres retiennent les berges.

Le canal du Midi entre dans les terres et l’accueil dans les derniers campings est bien  plus sympathiques. Nous sommes aussi en basse saison, cela peut aussi aider.

A Béziers, nous découvrons les 9 écluses de Fonsérane. En fait, il y en a 8, car avant le 19e siècle le canal du Midi traversait l’Orb et il y avait plus de dénivelés. Il y a 2 siècle, les hommes ont réalisé un viaduc sur l’Orb pour faire passer le canal. Oui, oui, le canal passe sur un pont. C’est assez fou, voir un bateau sur un pont !! Le but est de ne pas subir les crues de l’Orb, car le canal doit rester stable quant au niveau de l’eau.

Pour passer ces 8 écluses, il faut 45 min au bateau et c’est tout un mécanisme. Le Canal du Midi a 330 ans et il aura fallu 12’000 hommes (dont 600 femmes) durant 15 ans pour le construire, à la pelle et la pioche, et la brouette n’existait pas encore ! Un travail considérable. Le but était de relier la Méditerranée à l’Atlantique, sans passer par le détroit de Gibraltar.

Question morale, nous avons un petit passage à vide après le départ de Laurianne et Christophe. Le temps est plus gris, Olivier a son dos bloqué. On en a marre de monter et démonter le campement. La suite du chemin est plus incertaine, il y a moins de chemins existants, bientôt un nouveau pays. Bref 1-2 jours comme ça. Mais ça passe et la motivation remonte vite, surtout lorsque l’on se repose 2 jours au même endroit, avec du soleil et une piscine.

Ce 3 septembre 2011, nous sommes à Colombiers. La soir, nous assistons, depuis la berge, à un concert de piano qui a lieu sur un péniche au milieu du canal, avec un feu d’artifice à la fin. C’est magnifique.

La Régord’âne

Nous profitons bien de nos vacances à Bagnols-sur-Cèze avec une immersion en Hollande (le camping compte 98 % de Hollandais). Eliot découvre les joies du canoë, et profite de la piscine, du bord de la rivière, du sable, des cailloux, de saut en trampoline…

Nous avons tous les trois grand plaisir de retrouver nos amis Marie-Laure et Manu, Anita et Philippe, Carina et Stéphane et leurs enfants. Nous profitons bien d’être ensemble, de parler, de jouer… De belles journées et soirées bien sympathiques.

Le 25 juillet, nous retrouvons nos ânes à la Bastide-Puylaurent. Après bien des rencontres et des hésitations, nous décidons de prendre le chemin de la Régordane. C’est un chemin plus historique et plus direct que Stevenson. Cela nous évite aussi de monter et descendre le mont Lozère, sans forcément avoir de vue, selon la météo.

Nous partons de la Bastide avec une météo bien grise, alternant entre nuage et pluie. Cela ne gêne pas du tout Eliot qui s’amuse à sauter dans les gouilles (flaques d’eau) et est heureux de sortir son petit parapluie orange.

Le chemin que nous empruntons est une ancienne voie romaine. Ce chemin a été emprunté depuis la nuit des temps par les animaux, les chasseurs, les nomades… Les Romains n’ont fait qu’aménager une route là où existait une voie, comme une faille du Nord au Sud. Plusieurs cols en favorisent le passage. Par la suite, c’est devenu un chemin de pèlerinage vers St Gilles, grand guérisseur et protecteur des enfants. Certains l’invoquent en cas de stérilité. Est-ce un signe pour nous ? Un petit coup de pouce de St Gilles nous serait bien utile.

Sur ce chemin romain, nous repérons souvent les pierres taillées par les nombreux passages de chars. A certains endroits, ce sont des ornières creusées dans la roche, parfois volontairement pour stabiliser les chariots dans les fortes déclivités, parfois due à l’usure d’un trafic intense.

A Eliot, nous expliquons que ce sont les Romains qui ont construit ces routes, il y a très longtemps. Ce sont les grands-papas de grand-papa de grand-papa… Eliot répond : « ça fait beaucoup beaucoup beaucoup de grands-papas de grands-papas. » Comment peut-il imaginer si loin en arrière, alors que pour nous, c’est déjà difficile ?

Les chemins sont très agréables et les paysages magnifiques. L’arrivée à la Garde-Guérin nous invite à une halte.  Cet ancien village médiéval est superbement bien rénové et une visite s’impose. Un énorme nuage noir est sur nos têtes, mais il passera en nous laissant au sec pour cette fois.  Nous montons à la tour « à nos risques et périls », comme l’annonce une affiche. Effectivement, la montée est un peu scabreuse, mais la hauteur nous offre une vue grandiose sur les Cévennes et les gorges du Chassezac.

Nous avons la chance de passer à Villefort le jour du marché. Sonia se régale de fruits et légumes frais, Olivier de bons saucissons et fromages. Pour Eliot, ce sera des bulles de savon. Quand nous passerons avec les ânes, tous les regards seront tournés sur nous, plutôt sur les ânes et sur Eliot perché sur son siège.

Nous traversons de magnifiques forêts de châtaigniers. Une dame nous racontait que dans son enfance, les châtaignes étaient dans de nombreux plats, en soupe, tarte, sauce, pain…  Ils constituaient l’aliment de base du pauvre dans les Cévennes. Plus loin, ce sera les grands pins avec des énormes pives (pignes comme ils disent ici) ou pommes de pin. (Si je n’étais pas à pied, j’en ramènerais plusieurs !).

Dans la montée au col de Portes, deux couples à l’ombre d’une propriété nous proposent de l’eau et du melon. Un brin de causette bien sympathique. Pour le coup, Eliot ressort son harmonica et joue un morceau pour remercier ces gens. Ces derniers nous annoncent qu’il y a une fête médiévale au Château de Portes.

Nous nous empressons d’y arriver pour admirer « les portes du temps » : combats de chevaliers, tire à l’arc et déguster un bon vin d’Hypocrasse. Eliot est tout impressionné. Ce château médiéval a reçu des ajouts à la Renaissance et au XVIe siècle, dont un angle de mur très aiguë, qui lui confère une allure de bateau. La vue sur les Cévennes est très belle et porte jusqu’au mont Lozère.

Cette région a fortement été marquée par l’exploitation de mines de charbon. A Portes, cela a causé de grandes fissures au château et l’effondrement d’une partie du village. A Alès, nous visitons une ancienne mine de charbon construite pour l’apprentissage des professions de la mine. Le guide issu d’une famille de minier rend la visite des plus vivantes et nous fait prendre conscience de la difficulté et de la dangerosité de ces métiers miniers.

A Alès, nous faisons une halte pour réparer les sacoches. Une particulièrement a été déchiré en travers, Apollon a forcé sur une branche, la boucle a bien tenue, mais c’est la sacoche qui a morflé. Il y a aussi quelques coutures à renforcer et doubler le bord de la nouvelle couverture de Basil. Nous avons du très bon matériel, mais il souffre comme 10-15 ans d’utilisation normale. Nous avons monté la tente près de 80 fois, nos sacoches et bât ont 80 jours d’utilisations (sans compter les jours avant le voyage). Nous avons dû changer un curseur de fermeture éclair de la tente, recoudre un bout de moustiquaire, changer de souliers pour Olivier. Mais cela se passe bien.

Depuis Alès, nous sommes bien bas en altitudes, vers 150m. Le paysage devient plus plat, les champs se colorent de vignes et d’arbres fruitiers (surtout entre Nîmes et St Gilles). Nous retrouvons Sabine et Roland pour 3 jours. Un puissant orage, avec une forte pluie ne nous épargne pas. La journée de marche avec Sabine est pluvieuse et elle revient le lendemain pour avoir le soleil. Après la pluie, les paysages sont magnifiques, l’air est lavé et les quelques nuages donnent de belles couleurs aux photos.

A Nîmes, nous prenons une pause pour visiter cette ancienne ville romaine : sa maison carré, son amphithéâtre, sa cathédrale et sa vieille ville. Nous avons enfin pu trouver un maréchale ferrant pour parer les sabots des ânes. Nîmes est une des villes les plus chaudes de France, mais la température est bien en dessous des normes.

Sur la route de St Gilles, un couple nous propose leur terrasse pour pique-niquer. Eliot dit : « ils sont gentils les gens, ils nous donnent de l’eau et du sirop avec des glaçons. On est gâté. Et il y a des pèches pour le dessert. »

St Gilles est en fête le week-end de notre arrivée. Nous avons droit à une abrivado, des cavaliers amènent des taureaux à travers les rues, jusqu’aux arènes et des jeunes essayent d’attraper le taureau. Nous visitons la magnifique abbatiale avec sa crypte qui renferme le tombeau de St Gilles. Au Moyen-Age, St Gilles était un haut lieu de pèlerinage et un passage vers les 3 autres pélerinages : St Jacques de Compostelle, Rome et Jérusalem.

Petites anecdotes et réflexions

Au barrage du lac de Villefort, Olivier dit : « c’est presque aussi beau qu’un barrage suisse ! ». Cela fera bien rire des touristes à côté de nous.

Un matin, dans les gestes du rangements des affaires, Eliot me dit : « maman, je peux pas t’aider, car je brosse les ânes ! » C’est tout simplement délicieux et cela montre son envie de nous aider.

Quand nos ânes sont au parc, ils reçoivent de nombreuses visites de toutes sortes. Par contre, nous devons être vigilants quant à ce que les gens leur donnent à manger. Le pire qu’on a vu, c’est du bacon. Il faut être un krutmowutz pour donner du lard grillé aux ânes !! Ils ne sont pas carnivores ! D’où vient ce besoin de nourrir les animaux de n’importe quoi ?

Eliot sait de mieux en mieux reconnaître les arbres le long du chemin : chêne, être, châtaignier, noyer, cerisier, thuya, … Un jour, en passant à côté d’un jardin, il nous annonce fièrement : « l’arbre qui donne les tomates, c’est un tomatier ! »

 

Nous avons une chance inouïe depuis le départ de notre voyage avec une météo favorable. Bien du soleil en avril et mai. Un peu de pluie en juin et juillet, juste ce qu’il faut pour reverdir les prés qui sont normalement tout secs en été au sud. Moi qui craignais d’être au sud en juillet-août pour trouver à manger aux ânes, pour le moment, nous n’avons pas eu de problème. Les champs de céréales déjà labourés sont habituellement beaux secs, mais cette année, ils sont tout vert de mauvais herbes.

Nous retenons parfois des leçons du chemin. Par exemple, les gens sont parfois avides de nous donner des conseils sur la suite à prendre. Malheureusement, il faut parfois s’en méfier, car ils font le trajets en voiture et non à pied, ce qui fausse leur appréciation des distances (2km dure vite plus d’1h) et du type de chemin possible (route goudronnée ou petit sentier méconnu).

De vallées en plateaux

Nous profitons bien de notre séjour à Die. Le samedi, nous assistons à la grande transhumance des moutons à travers les rues de la ville, c’est très impressionnant, il y en a environ 5’000. La piscine municipale à côté du camping reçoit notre visite quotidienne et ça nous fait le plus grand bien.

Nous partons le dimanche 26 juin. En fait, quand je dis nous, c’est Olivier et Sonia, car Eliot est resté en vacances 2 jours avec ses grands-parents. Nous profitons pour avancer un peu (20 et 25 km), car nous avons 2/3 d’asphalte. En plus, nous souffrons un peu de la chaleur, il fait 35°C à l’ombre. Mais, me direz-vous, pourquoi se tenir à l’ombre quand il fait bien plus chaud au soleil !!

Un dernier regard sur le Vercors…

Eliot nous rejoint à Crest. Ensuite, le chemin est joli le long de la Drôme et nous entrons dans la « Réserve naturelle des Ramières du Val de Drôme ».

Cette fois, nous sommes souvent à l’ombre des arbres. Heureusement, car la chaleur est torride. Nous essayons de partir plus tôt le matin et de marcher jusque vers 12h- 13h. Après, nous profitons de nous poser à l’ombre et de nous baigner.

A la Voulte-sur-Rhône, il y a les retrouvailles familiales avec les parents de Sonia, son frère et Pauline. Sébastien nous concocte de  magnifiques brochettes hautes en couleur et en goût et Eliot l’aide avec beaucoup de plaisir.

Nous passons de la vallée de la Drôme à celle de l’Eyrieux en traversant le Rhône.

Depuis la Voulte jusqu’au Cheylard, nous suivons l’ancienne voie de chemin de fer, avec ses ponts et tunnels, convertie en chemin pédestre. A part quelques tronçons en goudron, tout le reste est un beau chemin très agréable, ombragé, avec de magnifiques points de vues sur la rivière. Nous entrons dans le « Parc naturel régional des monts d’Ardèche » et à ce titre, une bonne partie du chemin est en rénovation. Nous profitons d’un séjour à St Sauveur-de-Montagut chez Ida et Daniel pour faire deux jours de repos, mais aussi lessive et quelques travaux sur les bâts.

En effet, depuis quelques jours, Basil nous fait de drôles d’âneries : il se plante au milieu de la route et ne veut plus avancer, ou il fait soudain un écart pour on ne sait quoi, ou encore il résiste et recule pour passer ponts et rivières, alors qu’il les passait très bien avant.

Nous décidons de changer le siège d’Eliot pour le mettre sur Apollon et cela se passe très bien. Il faut dire qu’Apollon s’est bien amélioré, si on peut dire. Il est plus doux, docile, ne saute plus quand il y a un passage difficile et passe très facilement ponts et rivières.

Au Cheylard, après avoir fait le plein de provisions, nous grimpons à plus de 1’000-1’200 mètres pour marcher sur les crêtes. Le paysage est grandiose. Aux ruines du Château de Brion, la vue s’offre à nous sur presque 360° sur tous les monts et vallées aux alentours : époustouflant.

Durant une semaine de marche, nous resterons sur ces crêtes. Nous rencontrons très peu de petits hameaux et presque personne. Nous avons l’impression d’être seul à marcher sur ce superbe chemin du GR 420, puis GR 7. Il faut dire que depuis plus de trois mois que nous avançons, nous avons rencontré très peu d’autres marcheurs, sauf exception dans le Vercors.

Ici, les champs souffrent aussi de la sècheresse. Un paysan nous confiait avoir ramasser la moitié moins de foin que l’année dernière.

La température est agréable, il y a souvent du vent pour nous faire du bien et nous arrivons à passer entre les gouttes de pluie. Nous avons droit à 2 belles averses, orage et même grêle, mais ces deux soirs-là, nous sommes à l’intérieur. Heureusement, enfin pour Sonia, car Olivier aime bien les orages sous tente.

Après cette bonne semaine sur les plateaux d’Ardèche, Eliot retrouve des places de jeux qui lui font grand plaisir. Il devient comme nous, à se réjouir comme un fou pour « peu de choses », pour un simple toboggan et 2 balançoires. C’est fou aussi comme il se lie facilement aux autres enfants. Il les observe un moment, se met tout près et, selon le contexte, parle ou joue avec eux. Nous sommes toujours dans le coin et aidons un peu. Mais de lui-même, il fait souvent le premier pas. Il faut dire que le reste du temps, il est avec 2 adultes et 2 ânes, alors, dès qu’il voit un autre enfant, il en profite pour jouer avec.

Un matin, Apollon nous fait une ânerie (chacun son tour me direz-vous). Eliot marche et tient Apollon avec Sonia. Tout d’un coup, sans crier garde, les deux âniers se retrouvent les deux pieds en l’air, avec un âne qui coure dans le pré à côté. Sonia a vite fait de prendre Eliot, qui se met à pleurer, dans ses bras. Nous vérifions qu’il va bien et pendant ce temps, Apollon revient gentiment vers nous. En fait, il a été surpris par un âne dans le pré à côté (ce que l’on suppose) et à détaler. Comme quoi, avec les ânes, rien n’est jamais acquis. Eliot, lui, ne fait pas cas et monte sur Apollon sans aucune crainte.

Nous prévoyons de faire une halte à la Bastide Puylaurent, mais déchantons vite. Nous trouvons le village pas très accueillant, une femme antipathique dans un gite bien cher nous fait renoncer et dans un autre, il n’y a pas de place pour les ânes. Basta, nous faisons encore 2 km d’une journée déjà bien chargée pour aller au camping. Nous y serons bien, un peu frais toutefois : 7°C le lendemain matin, avec grosses averses toute la nuit.

Nous quittons pour 10 jours les cailloux du chemin et la compagnie des ânes pour nous reposer et rejoindre trois familles d’amis qui viennent nous trouver à Bagnols-sur-Cèze. Moment propice de repos pour tout le monde, humains et ânes, avant d’entreprendre la suite du chemin de Stenvenson ou peut-être celui de Régordane, on ne sait pas encore.

Coup de coeur au Vercors

Après un séjour à St Hilaire du Touvet assez maussade, la descente par le sentier du facteur se fait par un lundi ensoleillé. Heureusement que nous avons été conseillés par un couple d’ânier, Bernard et Martine, ayant fait le chemin avec leur âne, car sinon, nous aurions fait marche arrière. Le sentier passe dans la face de rocher et se fraie un passage assez large, sans toutefois permettre un faux pas. C’est impressionnant, merveilleux et stressant à la fois. Nous sommes contents d’être en bas pour lever la tête et voir le chemin parcouru (cf photo ci-dessous).

Avec les quelques 800 m de descente, la température est plus clémente, mais la météo s’en donne à cœur joie. Le soleil alterne souvent avec la pluie et les nuages. D’autres bestioles nous visitent, dont les moustiques et une espèce de perce-oreilles qui s’engouffre dans nos bagages sans y être invitée. Elles se faufilent partout et ça n’est pas très ragoûtant.

La pluie ne gêne pas du tout Eliot qui se promène sans souci avec sa combinaison de pluie. Cela le stimule même à marcher pour sauter dans les gouilles, pardon, les flaques d’eau, car les Français ne connaissent pas les gouilles. Il veut de plus en plus marcher et cela nous réjouit beaucoup. Il nous faut simplement nous organiser avec les ânes.

Nous longeons ensuite l’Isère par un joli sentier, à côté de la piste cyclable. Celui-ci nous permet de  traverser la périphérie de Grenoble dans un coin de nature et d’arriver directement au centre de la ville. N’ayant plus de vivre, nous prenons la première source d’alimentation à disposition. Elle se présente à nous sous la forme d’un restaurant Indien qui propose un buffet à volonté pour 10 euros. Nous demandons l’autorisation de « parquer » les ânes à côtés de la barrière. Le patron trouve notre expérience tellement génial qu’il nous offre les boissons. En plus d’être une super aubaine, c’est délicieux et nous nous resservons plusieurs fois.

Le 8  juin, la traversée de Grenoble coïncide avec une course cycliste contre la montre du Critérium du Dauphiné, qui bloque le boulevard qu’Olivier avait prévu de suivre. Nous nous en sortons pas trop mal, entre les petites rues, les trottoirs trop étroits avec voitures parquées que l’on risque de griffer, la circulation que l’on bloque. Après quelques détours, nous retrouvons notre boulevard dont le trottoir est bien large. Les ânes sont très obéissants : ils n’ont même pas fait de crottes après le resto. Perché sur son siège, Eliot reste bien tranquille. Bref, la traversée de Grenoble se passe sans encombre, malgré l’appréhension de Sonia des grandes villes.

Nous commençons la montée sur le Vercors, à peu près 800 à 1’000 m de dénivelés, et disons au revoir à la Chartreuse. La ville de Grenoble est encaissée entre ces deux massifs imposants, dont il faut forcément descendre de l’un pour monter vers l’autre.

Le Vercors nous réserve de magnifiques paysages que l’on déguste à pleine vue. Avec l’altitude, la fraîcheur du soir nous fait apprécier les doudounes. Le vent souffle fort durant quelques jours et nous sortons le sac de couchage pour mettre sur le siège à Eliot.

A Villard-de-Lans, nous avons la visite de la marraine -avec Christophe- et du parrain d’Eliot -avec les motards-, venus par hasard à la même date.

Nous prenons toutes les informations avant la grande traversée de la réserve naturelle des hauts-plateaux du Vercors. Cela va nous prendre 5 jours et nécessite une autonomie presque complète, exceptée pour l’eau. Il existe quelques sources dont il faut savoir la position. En plus, nous demandons conseil à un ânier pour être sûr que les ânes passent sur les chemins choisis. Merci à Nicolas pour tes conseils.

La traversée de la réserve est superbe, sauvage et en dehors de toute civilisation. C’est le bonheur. Nous logeons parfois dans des cabanes, ouvertes et mises à disposition des randonneurs contre bon soin. Deux sont très petites, avec seulement un lit superposé, une table et 2 bancs, le tout prévu pour 5 personnes, les lits prévus étant à même le sol.

C’est très rustique, mais charmant, au cœur de la nature. Le paysage est très caillouteux, beaucoup de calcaire, avec des lapiaz creusés par l’eau, des sapins, puis des pins.

Le chemin est indiqué alternativement par les traits rouges et blancs du GR, des cairns et des pins ou sapins dont les branches du bas sont taillées. C’est bien signalé, mais il faut être attentif.

Le GPS nous aide, même s’il ne faut pas s’y fier coût que coût. Il a une fois bogué et nous a fait faire demi-tour pour nous trouver à un point – une source d’eau – que l’on connaissait. Le GPS nous positionne à côté. Une fois éteint et rallumé, il se remet juste et nous pouvons reprendre le chemin une 3ème fois.

La réserve est colorée de multitude de fleurs, le bouton d’or de notre enfance, la gentiane, l’anémone et l’édelweiss. Encore pleins d’autres espèces dont nous ne connaissons pas le nom. Quelques marmottes nous font le plaisir de leurs sorties, mais notre arrivée est vite signalée par les sifflement de leurs comparses.

Dans les cabanes, nous faisons de belles rencontres humaines qui nous invitent au partage et à la confidence : Chrystel et Christophe, Nicolas… Nous avons la chance de voir deux transhumances de moutons. Une fois sur la plaine de la Chau où la bergère nous annonce l’arrivée de 1’800 moutons alors que nous rangeons la tente. Eliot est tout fou. « Youpi » dit-il, avec toutefois un peu d’appréhension. Deux jours après, dans la descente vers Die, nous croisons la route de 1’200 moutons qui montent à l’alpage.

Nous avons fêté l’anniversaire d’Olivier à la cabane des Aiguillettes, point le plus haut de notre itinérance perché à presque 1’850 m. Fête improvisée avec 3 madeleines et quelques bougies trouvées sur place, du bonheur à l’état pur, embué légèrement par le brouillard.

Nous retrouvons la civilisation dans la descente vers Die, ainsi que les retrouvailles avec les grands-parents d’Eliot et les bonnes bouffes. Nous faisons honneur à la Clairette et attendons avec plaisir la fête de la transhumance samedi 25 juin. Les ânes ont trouvé un endroit de rêve pour les quelques jours de repos. Eliot a trouvé une copine de jeu en la personne de Mathilde, une petite cousine, qui est là avec ses grands-parents pour voir la transhumance. Le soleil nous permet de faire sécher toutes les affaires humidifiées par la pluie.

La Chartreuse verte s’est blanchi

Après avoir bien profité de notre séjour au Montcel, nous reprenons notre marche le vendredi 20 mai 2011 sous un grand soleil, accompagnés par Sabine, Nicolas et Florian. Ils marchent avec nous durant 3 jours. Leurs sacs sont bien chargés et même trop : avec tente, karimat, sac de couchage, pique-nique pour 3 jours, 3 parapluies… Il semble que s’ils repartent marcher, ils se chargeront un peu moins…

Les chemins que nous suivons alternent entre routes et sentiers. Ils nous permettent d’avancer au côté de fleurs des champs d’une multitude de couleurs. Sonia a un coup de cœur particulier pour les coquelicots.

Nous évitons la traversée de Chambéry en la contournant et en passant par Challes-les-eaux et sa place de baignade.

Depuis là, nous apercevons le Mont Granier, énorme falaise rocheuse.

La montée au col de Granier se fait en douceur, de 300 m à 1134 m, en 2 jours. De là haut, nous regardons toute la vallée que nous avons traversée. C’est impressionnant de voir ce que nous avançons en une journée, même en faisant 10 km par jour. Pas à pas, nous progressons.

Pour quitter la route du col, nous prenons un sentier pédestre et une vue grandiose s’offre à nous : le massif de la Chartreuse, paysage majestueux de montagneux, des champs tout en fleur et d’à peine quelques nuages pour contraster.

En traversant la vallée des Entremonts, nous faisons halte à St Pierre-d’Entremont. Village particulier, car il est à double, un côté Savoie et l’autre, du même nom, côté Isère : 2 mairies, 2 églises, mais une poste.

Jeudi soir 26 mai, nous vivons un terrible orage : le tonnerre résonne dans les rochers tout autour de nous, c’est impressionnant. Eliot dort de son premier sommeil et ne bronche pas. Le lendemain commence par la pluie, alors nous décidons de faire une journée de repos. Que voulez-vous, nous marchons depuis presque 2 mois sous le soleil, on ne va pas marcher un jour sous la pluie, alors que la météo annonce du beau pour le lendemain.

Samedi 28 mai 2011, nous passons le Col du Cucheron pour entrer dans la vallée de la Chartreuse, réputé pour son monastère perché à 1’000 mètres d’altitude et pour sa liqueur. Olivier se gêne beaucoup moins quand il en boit depuis qu’il a appris que les Pères Chartreux participent beaucoup au développement de la région avec les bénéfices des ventes. Du coup, il trinque … aux écoles !!

Le Col du Coq nous réserve une belle surprise : au matin, nous découvrons 15 cm de neige fraîche, tout à fait idéale pour faire un bonhomme de neige. La température a bien baissée et nos ânes se cachent dans l’abris-bus.

Pour le long week-end de l’Ascension, nous séjournons à St Hilaire du Touvet avec Carina et famille. Stéphane vient faire du parapente avec le club de la Gruyère. Le site est réputé au niveau de la France, et même de l’Europe, mais la météo n’est pas favorable à de grands vols. Nous trouvons des compatriotes pour nos ânes et ils séjourneront dans un enclos de l’association Caravânes. Merci à eux pour leur accueil.

Pour la suite, nous descendrons dans la vallée de l’Isère pour rejoindre le Vercors.

Le massif des Bauges

Le parc naturel des Bauges

Après les péripéties en montagne de nos ânes, une journée de repos (6 mai 2011) au camping de La Thuile avec piscine et belle place de jeu permet de faire le point. Pour la suite de notre escapade dans les Bauges, Olivier revoit le parcours. Nous allons éviter les cols à gros dénivelés et les sentiers de montagne pour le moment. Nous choisissons de longer les vallées, quitte à faire un détour pour être plus tranquille.

Les jours suivants se déroulent assez tranquillement et chaudement. La météo est estivale. A St Jorioz, nous prenons la vallée au sud du Semnoz et montons doucement vers les Bauges. Le dimanche de la fête des mères, Sonia a droit (et les autres aussi) à un repas au restaurant pour le midi. Ça tombe bien, le sac de pique-nique est un peu vide. Le soir, nous dormons dans un camping fermé, comme dit Eliot. Les Framboisiers, c’est son nom, n’ouvre que mi-juin, mais la patronne a accepté de nous laisser un bout de terrain. Une vue grandiose depuis la tente nous invite à la rêverie.

Encore 2 jours de marche avant d’arriver au Montcel, 2 jours de soleil, dans une nature magnifique, à travers des villages joliment rénovés dans le style de la montagne et souvent en bois. Les champs sont hauts et fleuris d’une riche variété de couleur. C’est un régal. Juste à nouveau un passage délicat avec les ânes, auxquels il faut enlever les sacoches. Le passage étroit passé, c’est Basil qui nous fait une ânerie : il n’est pas tenu (et n’a bien sûr pas Eliot sur son dos) et décide de revenir un bout en arrière. Il panique un peu en nous voyant de l’autre côté d’un sentier. Il décide de prendre le raccourci, qui passe par le ravin d’une vingtaine de mètres pour s’enliser dans le bout de rivière en contre bas. Olivier attache Apollon et file l’aider. Mais en enlevant les sacoches et le bât à Basil, ce dernier arrive à sortir du lit de la rivière.

A Allèves, nous cherchons dès les premières maisons un endroit pour notre tente et nos ânes. Nous apercevons une magnifique place de jeu, avec robinet et table de pique-nique. Après renseignement au village, nous nous installons et plantons la tente ici, sur la place de jeu. Eliot est aux anges, même s’il jouera plus longement avec les gallets qu’avec les jeux.

Arrivés le 10 mai chez nos amis Chantal et Philippe, nous y resterons plusieurs jours. Le temps de se prendre des vacances, de retrouver nos amis, de faire quelques achats, de soigner le petit orteil de Sonia qui a été cloqué de toute part et compeedé en entier, de faire une visite chez le rebouteux pour le dos d’Olivier. Le temps aussi de faire un brin de bucheronnage pour Olivier, d’écrire sur le blog pour Sonia, de jouer à toutes sortes de nouveaux jouets pour Eliot, de profiter un peu de se poser quelques parts. Pour les ânes, c’est l’occasion d’une visite du maréchal ferrant pour rééquilibrer les sabots, surtout chez Basil.

Nous repartons le vendredi 20 mai, vers Chambery, puis le massif de la Grande-Chartreuse… en étudiant bien notre itinéraire.

Pleins de péripéties

Avant et après Genève, des jeunes filles nous accompagnent : Jane avant Pâques, Laurianne durant le week-end, puis Caroline durant 2 jours. Elles apportent un nouveau souffle dans la compagnie et les jeux avec Eliot. Il en parle encore aujourd’hui.

Le mardi après Pâques (26 avril), nous improvisons et provoquons un souper grillade avec cousin et oncle : Claude et famille viennent chercher Caroline, Rémy et Laurence viennent nous apporter un coli postal de matériel pour les ânes. Tout cela se passe sur une place de pique-nique, en face du dolmen de la Pierre aux Fées. C’est un moment très sympathique.

A La Roche-sur-Foron, nous sommes accueillis dans un couvent de sœurs où Eliot est l’attraction. Le lieu est paisible. Nous émergeons le matin à 8h45, avec un sommeil de plomb. Si nous savions ce qui nous attend durant la journée suivante, nous serions bien restés un jour de plus.

Journée de pluie et malchance

Nous essuyons notre premier orage et longue pluie toute l’après-midi, dans un chemin boueux, escarpé, avec passage dans le lit d’une rivière, le col des Gardes à monter et à redescendre. Nous hésitons à y aller, car nous avons 2h de marche avant le prochain village. Le temps estvmenaçant, mais il l’est depuis plusieurs jours, alors, go, on part.

Finalement, nous arrivons à un village vers 16h, dernier moment pour chercher où dormir, selon notre organisation. On repère la seule ferme dans ce village désert. Le chien nous aboie tellement  que la fermière vient voir ce qui se passe. Nous lui demandons si nous pouvons dormir un nuit dans leur grange ou monter la tente et avoir un peu de pâture pour les ânes. Elle nous dit que son mari n’est pas là et qu’elle ne peut pas nous dire oui. Le problème, c’est qu’il ne rentre pas avant 17h30 et qu’elle ne connait pas d’autres fermes dans les environs. Il y a bien le camping, mais il est à 4-5 km. Il pleut, Eliot en a marre (je crois que c’est la première fois comme cela), et nous aussi, mais rien n’y fait.

On remballe tout et on repart. On demande 1-2 autres fois si les gens connaissent un endroit pour planter notre tente et mettre nos ânes, mais personne ne sait. Après avoir appris que le camping est en fait fermé, on se résigne même à appeler une chambre d’hôtes, mais les propriétaires sont en vacances. C’est vraiment le jour malchance.

En fin de compte, au Petit-Bornand, vers 18h, Philippe, un gars bien sympathique (comme tous les Philippe), nous propose de nous mettre sous l’avant-toit de sa maison. Ouf. On est à l’abris pour dormir. Eliot, ayant repris du poil de la bête, joue gaiment, alors que les parents sont KO de cette journée qui n’en finit pas.

Le début des montagnes

Le 29 avril, c’est 800 mètres de montée qui nous attend pour atteindre le Plateau des Glières, haut lieu de la résistance : les alliés y ont parachuté des armements pour la libération de la France durant la 2ème guerre mondiale. A nouveau, un peu de pluie dans l’après-midi, mais beaucoup moins que la veille. On passe 2 jours dans un refuge de montagne. Olivier est tout malade, il a attrapé l’angine à streptocoques à Sonia. Il emprunte la voiture du patron du refuge pour descendre trouver une pharmacie. Les chèvres, lapins, oie et poule dans un grand enclos occupent longuement Eliot.

Le lendemain, nous marchons un bon moment sur ce plateau qui est très agréable et offre une belle vue. Puis la descendre assez abrupte se fait d’abord par un bon chemin en pierre. Mais les 2 derniers km sont les plus rudes, le chemin se rétrécit, avec des passages de rivières, un pont de rondins. Nous voyons enfin le camping car des parents de Sonia qui viennent nous trouver pour quelques jours. Moment de retrouvailles. Nous pouvons nous reposer et profiter un peu des grands-parents pour l’apéro et le souper. Eux sont plein d’énergie pour jouer avec Eliot.

Visite chez le médecin

Le lendemain est jour de repos, car Sonia a une angine, à nouveau. Nous partons à la recherche d’un médecin à Thônes, avec le camping car. Toute la famille y va, car nous craignons une contagion continuelle de l’un à l’autre, Olivier étant encore sous antibiotiques. En fait d’angine, il s’agit d’une rhino-pharyngite familiale.

Entretien avec la police

Ensuite, c’est l’événement police. Nous arrivons au fond d’une vallée et trouvons un bout de pré pour nos ânes, mais comme il n’y a pas grand monde autour, nous ne demandons à personne. Grave erreur, car 2h après notre arrivée, une voiture de police s’arrête juste après le camping car. Sonia sort pour demander des conseils sur la route du lendemain et les entend parler d’âne. En fait, ils parlent des nôtres. Sonia explique la situation et c’est OK pour une nuit. Il prend quand même notre identité. Nous saurons pour la suite qu’il faut demander à la mairie selon le lieu où l’on veut camper.

Une journée type de notre voyage

Le réveil se fait vers 7h30 à 8h, selon Eliot. Nous prenons le temps de nous réveiller, parfois de lire une histoire, de faire un peu les fous.

Puis la phase de rangement commence : ranger les sacs de couchage, plier les matelas de sol, réunir les affaires et les répartir dans les 4 sacoches, mettre la tente à sécher et la plier, brosser les ânes, curer leurs pieds, ranger le parc (piquets et chaînes), et bâter les ânes.

Entre deux, on prend le temps de faire un bon déjeuner : en principe céréale avec lait, fruit, fromage, pain selon ce que l’on a.

Le tout nous prend bien 2h30. Ce qui fait que nous marchons rarement avant 10h30, voir 11h les jours où nous sommes moins rapides.

La marche est un bon moment. Elle nous permet d’être à l’écoute des bruits, chants d’oiseau ou silence aux alentours et de voir les beaux paysages, les arbres, la nature qui éclot en ce début de printemps. Eliot marche quelques fois, mais souvent, il va sur le siège de Basil.

Vers 12h30-13h, c’est la pause de midi. Nous débâtons les ânes et sortons le pique-nique du sac : pain, saucisson, fromage, carottes ou tomates, fruits…

Départ une heure après, les ânes sont bâtés et rebelote pour 1h à 2h de marche. Souvent, Eliot va faire la sieste dans le dos de son papa. Nous marchons environs 10 km par jours, plus ou moins selon le dénivelé, la météo et l’endroit pour dormir.

Dès 15h et maximum vers 16h, nous cherchons un endroit pour planter la tente et faire pâturer les ânes. Une fois trouvé, ce qui peut prendre plus ou moins de temps, nous débâtons les ânes et commençons par prendre le goûter. Ensuite, il faut monter le campement : planter les 2 piquets pour les ânes, leur donner à boire, monter la tente, gonfler les matelas de sol, préparer le lit.

Ensuite on pense un peu à nous, on prend une douche (plus ou moins sommaire selon le lieu et la température), on se repose un peu, on discute avec les gens. Eliot, lui, a plein d’énergie, joue, court et demande qu’on s’occupe de lui, mais il nous aide aussi à planter les piquets, à gonfler les coussins… Il joue avec tout ce qu’il trouve : sa pelle, son râteau et son camion, et aussi les longes, sangles, bassine pliable, les cailloux, branches, feuilles, pives… et places de jeu.

Vers 18h-19h, nous préparons le repas avec notre réchaud à bois.

Vers 20h, nous nous cachons sous la tente. Le rituel du dodo commence pour Eliot qui s’endort peu après. Sonia écrit le journal de bord et Olivier vérifie ou prépare le parcours du lendemain, puis après dodo.

Nous prenons plus ou moins 1-2 jours de repos par semaine, soit à suivre, soit isolés, selon le lieu trouvé et les choses à faire.