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Pleins de péripéties

Avant et après Genève, des jeunes filles nous accompagnent : Jane avant Pâques, Laurianne durant le week-end, puis Caroline durant 2 jours. Elles apportent un nouveau souffle dans la compagnie et les jeux avec Eliot. Il en parle encore aujourd’hui.

Le mardi après Pâques (26 avril), nous improvisons et provoquons un souper grillade avec cousin et oncle : Claude et famille viennent chercher Caroline, Rémy et Laurence viennent nous apporter un coli postal de matériel pour les ânes. Tout cela se passe sur une place de pique-nique, en face du dolmen de la Pierre aux Fées. C’est un moment très sympathique.

A La Roche-sur-Foron, nous sommes accueillis dans un couvent de sœurs où Eliot est l’attraction. Le lieu est paisible. Nous émergeons le matin à 8h45, avec un sommeil de plomb. Si nous savions ce qui nous attend durant la journée suivante, nous serions bien restés un jour de plus.

Journée de pluie et malchance

Nous essuyons notre premier orage et longue pluie toute l’après-midi, dans un chemin boueux, escarpé, avec passage dans le lit d’une rivière, le col des Gardes à monter et à redescendre. Nous hésitons à y aller, car nous avons 2h de marche avant le prochain village. Le temps estvmenaçant, mais il l’est depuis plusieurs jours, alors, go, on part.

Finalement, nous arrivons à un village vers 16h, dernier moment pour chercher où dormir, selon notre organisation. On repère la seule ferme dans ce village désert. Le chien nous aboie tellement  que la fermière vient voir ce qui se passe. Nous lui demandons si nous pouvons dormir un nuit dans leur grange ou monter la tente et avoir un peu de pâture pour les ânes. Elle nous dit que son mari n’est pas là et qu’elle ne peut pas nous dire oui. Le problème, c’est qu’il ne rentre pas avant 17h30 et qu’elle ne connait pas d’autres fermes dans les environs. Il y a bien le camping, mais il est à 4-5 km. Il pleut, Eliot en a marre (je crois que c’est la première fois comme cela), et nous aussi, mais rien n’y fait.

On remballe tout et on repart. On demande 1-2 autres fois si les gens connaissent un endroit pour planter notre tente et mettre nos ânes, mais personne ne sait. Après avoir appris que le camping est en fait fermé, on se résigne même à appeler une chambre d’hôtes, mais les propriétaires sont en vacances. C’est vraiment le jour malchance.

En fin de compte, au Petit-Bornand, vers 18h, Philippe, un gars bien sympathique (comme tous les Philippe), nous propose de nous mettre sous l’avant-toit de sa maison. Ouf. On est à l’abris pour dormir. Eliot, ayant repris du poil de la bête, joue gaiment, alors que les parents sont KO de cette journée qui n’en finit pas.

Le début des montagnes

Le 29 avril, c’est 800 mètres de montée qui nous attend pour atteindre le Plateau des Glières, haut lieu de la résistance : les alliés y ont parachuté des armements pour la libération de la France durant la 2ème guerre mondiale. A nouveau, un peu de pluie dans l’après-midi, mais beaucoup moins que la veille. On passe 2 jours dans un refuge de montagne. Olivier est tout malade, il a attrapé l’angine à streptocoques à Sonia. Il emprunte la voiture du patron du refuge pour descendre trouver une pharmacie. Les chèvres, lapins, oie et poule dans un grand enclos occupent longuement Eliot.

Le lendemain, nous marchons un bon moment sur ce plateau qui est très agréable et offre une belle vue. Puis la descendre assez abrupte se fait d’abord par un bon chemin en pierre. Mais les 2 derniers km sont les plus rudes, le chemin se rétrécit, avec des passages de rivières, un pont de rondins. Nous voyons enfin le camping car des parents de Sonia qui viennent nous trouver pour quelques jours. Moment de retrouvailles. Nous pouvons nous reposer et profiter un peu des grands-parents pour l’apéro et le souper. Eux sont plein d’énergie pour jouer avec Eliot.

Visite chez le médecin

Le lendemain est jour de repos, car Sonia a une angine, à nouveau. Nous partons à la recherche d’un médecin à Thônes, avec le camping car. Toute la famille y va, car nous craignons une contagion continuelle de l’un à l’autre, Olivier étant encore sous antibiotiques. En fait d’angine, il s’agit d’une rhino-pharyngite familiale.

Entretien avec la police

Ensuite, c’est l’événement police. Nous arrivons au fond d’une vallée et trouvons un bout de pré pour nos ânes, mais comme il n’y a pas grand monde autour, nous ne demandons à personne. Grave erreur, car 2h après notre arrivée, une voiture de police s’arrête juste après le camping car. Sonia sort pour demander des conseils sur la route du lendemain et les entend parler d’âne. En fait, ils parlent des nôtres. Sonia explique la situation et c’est OK pour une nuit. Il prend quand même notre identité. Nous saurons pour la suite qu’il faut demander à la mairie selon le lieu où l’on veut camper.

La montagne racontée par les ânes

Basil : « Ce matin, nos maîtres ont décidé de monter au col des Nantes. Quelle montée mes ânons, même un bourriquot peu chargé comme cette fois a de la peine à monter. Et c’est pas le tout, mais une fois en haut, on a à peine le temps de brouter quelques touffes d’herbes sous le vent bienvenu que nos humains veulent redescendre.

Bon, ça va, le petit marche un peu, j’ai moins de poids et on va moins vite. Après la pause, mes aïeux, ils nous prennent pour des chamois. Le problème, c’est nos fameuses sacoches qui nous rendent larges comme un éléphant. Le fossé est bien raide. Notre bon maître nous aide et s’en va sur le chemin avec nos sacoches, puis il vient nous chercher l’un après l’autre. Notre guide a peur pour nous, c’est normal, il y a un espèce de câble pour les humains. Mais nous n’avons pas peur de quelques pierriers et d’un fossé, Nous n’avons pas le vertige, nous les ânes ! Vous auriez dû voir l’expression de notre maîtresse quand elle a vu où on était passé : de la stupeur et de l’étonnement. Et oui, on passe partout, il ne faut pas nous sous estimer. Mais je crois que mon maître a eu un peu peur lui aussi, mais il ne le montre pas. »

Apollon : « Et voici que le lendemain, nos chers humains remettent ça. Cette fois, c’est une grande forêt. Mon ânière préférée m’attache à une racine, son mâle enlève les sacs à Basil et ils partent tous en me laissant tout seul. Je ne suis pas d’accord et tire sur ma longe. Une fois, j’ai vu Basil tiré tellement qu’il a réussi à casser sa longe. Elle finit par lâcher, la racine, pas la longe et je vais les rejoindre. Ces humains ne sont pas si bêtes de m’avoir attaché : il y a un arbre qui me barre le chemin et me pousse dans le ravin. Je glisse en essayant d’éviter les arbres, tant et si bien que je perds mes sacoches dans la glissade. Mon bât se déséquilibre et se retrouve sont mes entrailles. Je ne vois plus le chemin, ni mes comparses. Je suis coincé contre un arbre et j’attends longtemps avant que mon maître daigne venir me chercher. Je les entends qui m’appelle et je leur réponds plusieurs fois. M’entendent-ils ? »

Basil : «  Les humains ont l’air horrifiés. Ils ne savent pas où est mon copain. Et je ne le vois plus. Que font-ils ? Nous partons sans lui ! Je résiste un peu, et puis je cède. En plus, je les entends téléphoner à l’aide, je crois qu’ils parlent des grands-parents du p’tiou. On marche un bon moment, puis le chemin revient en lacet sur le contrebas où on a perdu Apollon. Et là, je l’entends qui m’appelle et je lui répond, il est vivant ! Olivier part à sa recherche. Je suis un peu nerveux, Sonia me calme, mais je sens qu’elle est nerveuse aussi et inquiète. Le petit gars parle des sacoches qui ont dû tomber et glisser jusque dans le Lac d’Annecy. Il a beaucoup d’imagination ce petit bonhomme. Après un bon moment d’attente (c’est toujours long d’attendre, surtout quand on est attaché serré avec presque rien pour brouter), j’entends Apollon braire au loin, et les voilà qui arrive, entier. C’est la fête. Peu après, arrivent les aïeux. La grand-mère prend le gamin par la main et ils descendent le chemin. Le grand-père, mon bon maître et la fillotte nous prennent et on remontent tous le chemin. Ils nous laissent au bord du sentier et continuent seuls. »

Olivier, pas l’âne, le mari : «  Voilà, c’est là qu’est tombé Apollon, quelle folie, c’est hyper raide. Les sacoches doivent être juste un peu plus bas. On va descendre par le pierrier juste à côté pour aller les chercher. Martial, ça va aller ? Mais non, Sonia ne t’inquiète pas, reste en haut pour nous guider, c’est une promenade de santé. Tu vois la première sacoche Martial ? Ok, on va les remonter à la main. Ho hisse ! Super. Maintenant, on va les porter ensemble jusqu’aux ânes. OK, on va rejoindre Giselle et Eliot qui doivent être au camping car »